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Les 100 ans de la Banque Delubac & Cie – Episode 2

Pour célébrer les 100 ans de sa création, la Banque Delubac & Cie lance une fresque inédite en 6 épisodes de 1924 à demain, entremêlant les évènements de la construction de l’établissement au cœur du contexte économique, sociétal et artistique qui a émaillé le 20 et 21e siècle.

Les années 1940-1950

RÉSISTANCE ET RÉSILIENCE

Une lumière dans les années noires

Campagne de France, débâcle, exode. Fait prisonnier à Dunkerque, Maurice Delubac est envoyé en Oflag en Pologne. Libéré, il regagne l’Ardèche en 1941. Pendant son absence, son épouse Herminie a courageusement géré la banque avec deux employés et un réfugié belge qui avait travaillé dans le secteur bancaire.

Le Cheylard. Vue générale aérienne – 1956

Le Cheylard. Vue générale aérienne – 1956.
Archives départementales de l’Ardèche, 28Fi3863.

En dépit des conditions très difficiles de l’époque, Maurice Delubac fait construire un immeuble situé place Saléon-Terras (du nom d’un ancien maire et industriel cheylarois) afin d’y installer à la fois les locaux de la banque et son domicile.

Portrait de Maurice Delubac

Portrait de Maurice Delubac
Photothèque Banque Delubac & Cie

Les époux Delubac sont violemment hostiles au régime de Vichy. Les lois antijuives les révoltent. Ils les combattent en cachant chez eux un camarade de captivité, André Samuel, et son fils Jean. Agé de 20 ans en 1944, ce dernier n’est pas insensible à leur fille, Josette. Cette rencontre survenue dans des conditions dramatiques se conclura de façon heureuse par un mariage. De leur union contractée en 1951 naîtra une fille, Madeleine, et un fils, Jean-Michel, dont le destin sera intimement lié à celui de la banque…

Des décennies plus tard et à titre posthume, Maurice, Herminie et leur fille Josette seront faits « Justes parmi les Nations » en reconnaissance de leur action pendant la guerre. Ils sont à ce jour les derniers Ardéchois à avoir reçu cette distinction en 2022.

Rebâtir et aller de l’avant avec persévérance dans un monde en reconfiguration

Immense soulagement et espérance profonde, la Libération ne met pas fin à toutes les difficultés. La vie quotidienne demeure très rude. Les rationnements perdurent jusqu’à la fin des années 40. Longue et complexe sera la reconstruction du pays, malgré les aides aussi précieuses que massives du plan Marshall qui stimuleront notablement l’effort d’équipement et d’épargne en France. De même, la relance sera favorisée par les débuts encourageants de l’Europe économique avec la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier). C’est le temps des pionniers de la construction européenne avec Jean Monnet, Robert Schuman…

Un nouvel ordre économique et financier mondial -Bretton Woods- naît des décombres de la guerre. Un nouvel ordre social aussi, avec l’instauration de la Sécurité sociale et un Etat-Providence, le Welfare State dans les pays anglo-saxons et scandinaves. Les Françaises reçoivent enfin le droit de voter et de se faire élire aux élections… mais pas encore celui d’ouvrir et de gérer un compte en banque sans l’autorisation de leur mari.

Femme mettant son bulletin de vote dans l'urne lors des élections municipales.

Femme mettant son bulletin de vote dans l’urne lors des élections municipales. 29 avril 1945.
© Fonds France-Soir / BHVP / Roger-Viollet

S’ouvre une époque de grande créativité artistique et intellectuelle : l’existentialisme triomphe en philosophie et en littérature, d’audacieuses avant-gardes picturales telles que l’expressionnisme abstrait et le action painting façonnent de nouvelles visions du monde. Le Festival de Cannes fait, lui, rayonner le cinéma.

Enigma machine

Enigma machine, Alan Turing Institute, London. Shutterstock

La science connaît des avancées déterminantes, en médecine, en physique nucléaire, en informatique. L’intelligence artificielle enregistre ses premiers développements dans les années 1950. Les experts se doutent-ils alors des répercussions considérables qu’elle aura plus tard dans le secteur financier ?

Avec leurs promesses de croissance et de bien-être, les Trente Glorieuses font entrer la France et l’Occident dans l’ère de la société de consommation… et dans celle du crédit à la consommation, dont la profession bancaire va accompagner l’essor.

C’est le glas, en revanche, qui sonne pour la IVe République, minée par les crises ministérielles et la guerre d’Algérie. L’ancien franc disparaît au profit du « nouveau franc » dit aussi « franc Pinay », du nom du ministre des Finances nommé par le général de Gaulle en 1958 et qui organise le passage à la nouvelle monnaie aux côtés de l’économiste Jacques Rueff.

La banque Delubac fait efficacement face à ces ruptures sociétales, ces évolutions institutionnelles, ces mutations financières et monétaires. Bien gérée, forte de ses fonds propres et de sa réputation, très intégrée dans son territoire, participant activement au développement du bassin industriel cheylarois et toujours guidée par le même mot d’ordre « liquidité, liquidité », elle va résolument de l’avant.

Une nouvelle ère bancaire à la Libération

Créée en 1800, la Banque de France demeura pendant un siècle et demi une institution privée. La Libération mit fin à ce régime par la loi du 2 décembre 1945, découlant du programme du Conseil National de la Résistance.

Journal Officiel de la république du 3 décembre 1945

Journal Officiel de la république du 3 décembre 1945. Source gallica.bnf.fr / BnF

Plusieurs grandes banques furent également nationalisées : le Crédit Lyonnais, la Société Générale, le Comptoir National d’Escompte de Paris, et la Banque Nationale pour le Commerce et l’Industrie.

Par ailleurs, en s’inspirant du Glass-Steagall Act américain adopté plus d’une décennie auparavant, en 1933, dans le cadre du New Deal, cette loi du 2 décembre 1945 entérina la spécialisation des banques, dans l’objectif d’éviter les crises systémiques. Elle créa trois catégories : les banques de dépôt, dont les participations dans des entreprises furent plafonnées à 20 % du capital de ces dernières et leurs crédits limités à deux ans ; les banques d’affaires ; les banques de crédit à moyen et long terme.

Avant la mise en place de la planification (Premier Plan de modernisation et d’équipement ou « Plan Monnet » de 1947), la nationalisation du crédit en 1945 constitua l’une des manifestations les plus importantes de l’intervention de l’Etat dans l’économie française au cours des Trente Glorieuses.

Ce cadre interventionniste évoluera progressivement à partir du milieu des années 1960 afin de stimuler l’épargne privée et de libérer la dynamique des investissements productifs au service de l’économie française. C’est ainsi qu’à partir des années 1966-1967, les banques de dépôt seront par exemple autorisées à accorder des crédits à moyen et long terme. La période sera marquée par de nombreuses fusions et acquisitions bancaires.

Elle a surmonté bien des tempêtes et s’est adaptée aux bouleversements intervenus dans son secteur. La banque peut donc aborder les « sixties » avec optimisme.

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RESPONSABILITÉ, MODERNITÉ, CONTINUITÉ

Signature de Maurice Delubac, Fondateur de la banque Delubac & Cie