PAR DELUBAC ASSET MANAGEMENT
Les politiques des Banques Centrales : un élément décisif pour l’évolution des marchés financiers
Qu’a annoncé Mme Lagarde à la réunion de la BCE du 26/10/2023 ?
Comme attendu par le marché, Mme Lagarde a annoncé que les principaux taux directeurs de la Banque Centrale Européenne restaient inchangés. Elle a également laissé entendre que le cycle de hausses avait touché à sa fin (après 10 tours de vis consécutifs !). Le taux de dépôt à la BCE demeure donc à son niveau de 4 %, son plus haut niveau depuis la création de l’euro en 1999.
Par ailleurs, l’institution continuera à réinvestir les remboursements des obligations arrivant à maturité acquises dans le cadre de son programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP) ; ce point positif faisait l’objet de divergences au sein du conseil des gouverneurs.
Qu’a annoncé M. Powell à la réunion de la Fed du 01/11/2023 ?
Une semaine après la pause réalisée par la BCE, la Réserve Fédérale a également décidé de laisser ses principaux taux directeurs inchangés.
Dans son discours, Jérôme Powell a laissé planer le doute quant à un futur tour de vis monétaire en reconnaissant que les précédents resserrements monétaires n’avaient eu qu’un effet modéré sur l’économie américaine. Toutefois, en indiquant également qu’il fallait laisser davantage de temps à cette politique monétaire très restrictive pour se répercuter dans l’activité économique, il est très probable que la Fed ait terminé son cycle de hausses de taux débuté en mars 2022.
La bataille contre l’inflation est-elle gagnée ?
En zone euro, le conseil des gouverneurs estime que les taux directeurs actuels, s’ils sont maintenus suffisamment longtemps sur ces niveaux, apporteront une contribution très importante à la baisse de l’inflation.
Cette dernière reste encore nettement supérieure à la cible de 2 %, mais la BCE insiste sur le fait qu’il existe désormais un « risque à la baisse sur la croissance en Zone Euro ». Les indices PMI Composite au plus bas depuis 35 mois et la forte diminution des octrois de crédit témoignent de l’impact négatif sur l’économie réelle.
Du côté des Etats-Unis, l’indicateur préféré de la Fed pour estimer l’inflation est l’évolution du prix de base des dépenses de consommation personnelle (Personal Consumption Expenditures – PCE). Cette mesure, à la différence d’autres mesures d’inflation, s’inscrit clairement dans une trajectoire baissière.
Elle reste cependant encore nettement au-dessus des objectifs de la Réserve Fédérale et il est probable que Jérôme Powell reste désormais prudent sur un futur cycle d’assouplissement monétaire.
Quelles sont les conséquences sur les marchés financiers ?
Le taux de dépôt de la BCE devrait rester encore longtemps sur son niveau de 4 %. Cet environnement est une opportunité pour les placements monétaires dont le rendement est directement indexé sur ce taux directeur. Cette classe d’actifs, qui offre par ailleurs une liquidité maximale, se doit donc de reprendre une place de premier plan au sein des portefeuilles.
Le réinvestissement des remboursements du PEPP montre également la vigilance de l’institution de Francfort face à la récente tension obligataire. Les taux long terme ont également touché récemment de nouveaux points hauts, il convient désormais de les réintroduire progressivement dans les allocations afin de bénéficier de taux de portage particulièrement attractifs.
Les marchés actions devraient rester, eux, plus incertains à court terme, l’impact de ces hausses de taux directeurs n’étant probablement pas encore complétement absorbé dans les résultats des entreprises.