En France, le nombre de défaillances a connu une hausse importante au premier semestre : + 18 % par rapport à la même période en 20231 . Un chiffre qui peut faire peur, mais qu’il faut toutefois relativiser. Explications avec Jérôme du Maroussem, directeur général de la Banque Judiciaire Delubac.
Selon les chiffres publiés par le Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandateurs judiciaires, 25 093 entreprises ont, depuis le début de l’année (janvier à mai), engagé des procédures collectives. Un chiffre en augmentation par rapport à l’an passé. Comment expliquer cette poussée ? D’abord, par un effet de « rattrapage ». « Pendant la crise du Covid, le nombre d’entreprises en défaillance avait fortement chuté, notamment grâce au soutien massif de l’Etat, dont les aides en abondance ont permis à beaucoup d’entreprises de se maintenir à flot. Dès que le robinet s’est fermé, les difficultés sont apparues », commente Jérôme du Maroussem.
Jérôme du Maroussem, directeur général de la Banque Judiciaire Delubac
Une conjoncture économique défavorable
Hausse du coût des matières premières, rebond des taux, échéances du PGE, inflation… autant de contraintes qui ont conduit certains dirigeants à se résoudre à une procédure collective. Principales concernées : les entreprises du retail, fortement touchées par la baisse de fréquentation due au Covid, ou qui n’ont pas pris assez tôt le virage du digital ; et celles du bâtiment, secteur qui traverse une période sombre, qu’il s’agisse des petits artisans comme des grands promoteurs.
Relativiser… mais rester attentif
Certains experts annoncent déjà que le chiffre d’atterrissage pour 2024 tournera autour des 70 000 défaillances. « Si l’on compare par rapport aux années d’avant Covid, il faut relativiser. En moyenne, chaque année, on enregistre environ 60 000 procédures collectives. Ce sont les chiffres extrêmement bas des dernières années qui faussent notre perception actuelle du marché. En revanche, les conséquences seront bien réelles : hausse du chômage, augmentation des impayés et donc risque d’effet boule de neige… Il faudra surveiller attentivement les mois à venir. »
Mieux vaut prévenir que guérir
Dans ces périodes incertaines, il ne faut donc pas attendre d’être au pied du mur pour réagir. « De nombreux signes précurseurs peuvent et doivent alerter un dirigeant : diminution de la rentabilité, difficultés de trésorerie, manque de croissance, retards de paiement… A la moindre alerte, il ne faut pas hésiter à contacter un administrateur judiciaire ou un avocat spécialisé afin de se faire accompagner dans ses choix, d’être guidé dans la mise en œuvre des meilleures solutions et tenter ainsi de pérenniser son activité. »
[1] Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandateurs judiciaires, cité dans Les Echos